Préoccupés par la complexité de recycler les sacs de plastique, les propriétaires des Vergers Paul Jodoin ont élaboré un nouvel emballage de carton, qui a récemment fait son apparition dans quelques supermarchés ciblés.
Les petites boîtes cartonnées, mises de l’avant par l’entreprise de Saint-Jean-Baptiste, se veulent ainsi une solution de rechange simple et écologique aux sacs de plastique dans lesquels les pommes sont emballées depuis pratiquement un demi-siècle, relève le vice-président ventes et marketing, Pierre Jodoin.
« On se fait dire que c’est une bonne idée, mais est-ce que c’est quelque chose que les gens vont adopter ? C’est long [de] changer les mentalités des consommateurs, surtout pour un produit qui est vendu comme ça depuis 50 ans », fait valoir M. Jodoin.
Selon lui, les producteurs et emballeurs de pommes n’ont toutefois pas le choix de bouger et d’opter pour une option davantage en phase avec la philosophie de développement durable. La quantité de sacs de pommes achetés annuellement par les consommateurs québécois serait de plus de 14 millions, dit-il.
« On s’est dit qu’on était aussi bien de bouger avant de se faire imposer des choses », affirme Pierre Jodoin.
Cela fait environ un an que l’entreprise familiale planche sur le projet. Dans un monde idéal, les caissettes seraient fabriquées avec du carton recyclé, glisse l’entrepreneur. Mais le manufacturier des boîtes cartonnées avec lequel les Vergers Paul Jodoin travaille a, pour l’heure, émis des réserves sur la résistance du carton recyclé.
Le nouveau contenant en carton, imprimé aux couleurs de la marque de commerce « Tradition Verger » — un rappel aux jus Tradition de la division transformation de la PME —, est néanmoins 100 % recyclable dans les bacs bleus, se réjouit celui qui œuvre au sein de l’entreprise avec ses frères François et Sylvain.
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Emballer des pommes rondes dans de petites boîtes carrées, par exemple pour le format de quatre kilos, se révèle malgré tout complexe, affirme Pierre Jodoin. « Il y a une gestion de calibre de fruits à faire pour maximiser les emballages. On ne peut pas mettre des grosses pommes avec des petites. Ça ne fittera pas », dit-il.
Selon le vice-président ventes et marketing, l’emballage des fruits dans les boîtes de carton pourrait éventuellement être mécanisé. « Ce sont des investissements qui s’amortissent bien quand il y a un certain volume. Ce qu’on n’a pas actuellement parce qu’on tâte le terrain et on approche les clients avec ça. On ne se lancera pas dans des investissements de 100 000 $, 200 000 $ sans savoir comment les consommateurs vont réagir, s’ils aiment ça ou pas », note Pierre Jodoin.
Les nouveaux emballages seront mis de l’avant durant quelques mois dans sept supermarchés Metro de la région montréalaise. Le prix de détail est identique au prix des sacs de pommes de quantité équivalente. « On aurait pu le faire ailleurs dans d’autres régions, mais, géographiquement, c’est plus facile d’aller chercher les données et les réactions des gens. Une fois par semaine, on fait le tour pour voir comment ça se passe », explique le dirigeant d’entreprise.
Ce dernier estime que les Vergers Paul Jodoin font en quelque sorte figure de précurseurs dans le domaine de la pomme avec ce nouveau type d’emballage, qui est également utilisé, entre autres, pour l’emballage des clémentines.
L’entreprise a rencontré les représentants des différentes grandes chaînes d’alimentation, « là où se prennent les décisions », pour présenter cette nouveauté. « Les décideurs sont en réflexion. [...] En attendant, on se fait connaître et on montre les bons côtés », dit Pierre Jodoin.
Les Vergers Paul Jodoin sont décidément en mode innovation. L’automne dernier, la PME a annoncé qu’elle s’est lancée dans la production de la Smitten, une nouvelle variété de pommes à la chair croquante, juteuse et sucrée, développée par des chercheurs néo-zélandais. Au Québec, l’entreprise est en quelque sorte à la tête du « club de production » de cette variété.
Source : Le Quotidien