Plus de 545 travailleurs de l’entrepôt Provigo de Laval ont appris hier, à trois semaines de l’échéance de leur convention collective, qu’ils perdront leur emploi au profit d’un centre ultramoderne en Ontario.
« C’est difficile. Ça nous fâche. Je vais être forcé à la retraite prématurée, a laissé tomber hier Jean-Pierre Girard, 60 ans, un camionneur visiblement ébranlé par l’annonce de ses grands patrons ontariens, à sa sortie du stationnement de l’entrepôt. Ils n’ont donné aucune explication. »
L’entreprise Loblaw, propriétaire des enseignes Loblaws, Provigo, Maxi et Pharmaprix, a annoncé hier matin la fermeture d’ici l’an prochain de son immense entrepôt de denrées non périssables employant plus de 545 travailleurs à Laval.
« La convention collective venait à échéance le 1er février, alors que c’est sûr que tout ce que l’on avait comme stratégie de négociations s’en va à la poubelle », a déploré Roxanne Larouche, porte-parole du syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC).
« Centre désuet »
Les opérations qui s’y déroulaient seront transférées dans un centre entièrement automatisé en construction, en Ontario.
« C’est une délocalisation. Ils s’en vont à Cornwall, contrairement à Sobeys [IGA] qui avait fait son automatisation en fermant un entrepôt pour en ouvrir un autre au Québec », a-t-elle poursuivi.
« On espérait que la modernisation se ferait ici. On savait que ça devait se faire un jour », a pesté hier un employé cumulant 14 ans d’ancienneté, qui n’a pas voulu s’identifier.
La porte-parole de Loblaw au Québec, Johanne Héroux, a confirmé hier que l’entreprise a fait une croix sur son entrepôt de Laval parce qu’il était devenu « désuet ».
Elle a indiqué que Loblaw possède déjà un centre moderne à Cornwall, qu’on agrandit présentement pour ses magasins Pharmaprix.
« Pour nous, ça devenait très logique de simplement y transférer le volume plutôt que partir de zéro avec un nouveau centre au Québec », a précisé Mme Héroux.
Boucherville en sécurité
Par ailleurs, elle s’est faite rassurante concernant l’autre entrepôt de 600 travailleurs de Boucherville, qui ne risque pas de fermer parce qu’il a été rénové il y a à peine cinq ans.
Ce n’est pas la première fois que les entrepôts de Loblaw ont des difficultés dans la province.
En 2010, la direction de l’entrepôt Armand-Viau (Provigo) de Québec avait décrété un lock-out avant même le vote des employés portant sur la dernière offre patronale.
« À partir de maintenant, c’est fini Provigo. Il faut passer à autre chose », s’est désolé hier Jean-Marc Deshommes, un père de famille et camionneur qui gagne environ 30 $ de l’heure.
Pour lui, le choc est brutal parce qu’il pense avoir de la difficulté à se trouver un emploi avec d’aussi bons avantages sociaux.
Réactions à Québec
Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a tenu hier à offrir son soutien aux employés et à leur famille.
« Je vais m’assurer que Loblaw fasse des efforts nécessaires pour aider les salariés à se trouver un nouvel emploi au sein de ses magasins. On va aider [les autres] à réintégrer le marché du travail le plus rapidement possible », a-t-il affirmé lors d’un point de presse à Québec.
Il a aussi insisté pour dire que ces employés bénéficieront de tous les services offerts dans des cas de licenciement collectif.
SOURCE : journal de Montréal